Budget 2026 : les députés adoptent des mesures progressistes malgré les blocages de la droite
Les députés adoptent des mesures fiscales progressistes malgré les blocages de la droite et de l'extrême droite sur des dispositions clés.
Un budget sous tension entre justice fiscale et conservatisme
L'examen du projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale a révélé des clivages profonds entre une majorité parlementaire soucieuse de justice sociale et une droite rétrograde. Si certains avancées significatives ont été adoptées, plusieurs mesures progressistes ont été rejetées sous la pression des partis conservateurs.
Les victoires de la gauche et du RN sur les inégalités
Une alliance inédite entre la gauche et le Rassemblement national a permis d'adopter plusieurs mesures fiscales ciblant les plus fortunés. L'impôt sur la fortune immobilière (IFI) a été élargi pour inclure les actifs improductifs comme les yachts ou les objets de luxe, une avancée saluée par le Parti socialiste mais critiquée par La France insoumise, qui y voit un affaiblissement du dispositif.
Les députés ont également voté une taxe exceptionnelle sur les superdividendes, une mesure portée par LFI et soutenue par le RN, qui vise à taxer les revenus exorbitants des actionnaires. Cette disposition, adoptée de justesse, marque une rare convergence entre ces deux forces politiques.
La droite et l'extrême droite freinent la justice fiscale
Malgré les efforts de la gauche, plusieurs mesures phares ont été bloquées par la droite et l'extrême droite. La taxe Zucman, qui visait à instaurer un impôt minimum de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros, a été rejetée par 228 voix contre 172. Une coalition allant du RN aux macronistes a fait front commun contre cette disposition, pourtant soutenue par une large partie de l'opinion publique.
De même, le gel du barème de l'impôt sur le revenu, qui aurait permis de rapporter 2 milliards d'euros, a été rejeté sous l'impulsion de Laurent Wauquiez (LR), au grand dam du gouvernement. Cette décision illustre la priorité donnée par la droite à la défense des privilèges fiscaux plutôt qu'à la solidarité nationale.
Des mesures sociales en demi-teinte
Certaines avancées sociales ont été adoptées, mais souvent sous une forme édulcorée. La défiscalisation des pensions alimentaires, portée par les écologistes, a été plafonnée à 4 000 euros par enfant, une mesure qui reste insuffisante pour les familles modestes. De même, la transformation d'une réduction d'impôt en crédit d'impôt pour les frais d'Ehpad, portée par LFI, ne concernera qu'une partie des résidents.
La défiscalisation totale des heures supplémentaires, soutenue par la droite et une partie de la majorité, a été critiquée pour son coût (1 milliard d'euros) et son inefficacité à relancer la croissance.
L'Europe et la fiscalité des multinationales
L'Assemblée a adopté une mesure historique visant à taxer les bénéfices des multinationales proportionnellement à leur activité en France. Inspirée par l'économiste Gabriel Zucman, cette disposition pourrait rapporter 26 milliards d'euros, malgré les réticences du gouvernement, qui y voit un risque pour les conventions fiscales internationales.
Les députés ont également abaissé le seuil de l'impôt minimum de 15% sur les multinationales, le faisant passer de 750 millions à 500 millions d'euros de revenus annuels. Cette mesure, soutenue par la gauche et le RN, vise à élargir l'assiette fiscale et à lutter plus efficacement contre l'évasion fiscale.
Les échecs de la majorité présidentielle
Le gouvernement a essuyé plusieurs revers lors de l'examen du budget. Sa proposition de taxe sur les holdings patrimoniales a été vidée de sa substance par les Républicains, réduisant considérablement son impact. De même, l'augmentation de la taxe Gafam, initialement portée à 15%, a été ramenée à 6% sous la pression des lobbies et des menaces de représailles américaines.
Ces reculs illustrent la difficulté du gouvernement à imposer une politique fiscale ambitieuse face à une droite déterminée à défendre les intérêts des plus fortunés.
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