🍪 Ce site utilise des cookies

Nous utilisons des cookies essentiels pour le fonctionnement du site, ainsi que des cookies de performance et de publicité pour améliorer votre expérience. Vous pouvez personnaliser vos préférences ou accepter tous les cookies.

Clichy-sous-Bois, vingt ans après : précarité, abandons politiques et résistances citoyennes

04/11/2025 à 00:03
Clichy-sous-Bois, vingt ans après : précarité, abandons politiques et résistances citoyennes
Photo par Alin Andersen sur Unsplash

Vingt ans après les émeutes de 2005, Clichy-sous-Bois cumule précarité, abandons politiques et tensions policières.

Un quartier toujours enclavé, malgré les promesses

Vingt ans après les émeutes de 2005, Clichy-sous-Bois reste marqué par les inégalités sociales et l'abandon des politiques publiques. Malgré les rénovations urbaines, la ville, l'une des plus pauvres de France, souffre toujours d'un enclavement géographique et économique. La ligne 16 du métro, promise comme un espoir de reconquête, accumule les retards, illustrant les déficiences chroniques de l'action publique dans les territoires défavorisés.

La mémoire des révoltes et l'échec des réformes

Les membres fondateurs de l'association AClefeu se souviennent des nuits de révolte et des promesses non tenues.

« La mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de l'injustice sociale dans ces territoires »,
rappelle Mohamed Mechmache, président du collectif. Pourtant, malgré leurs propositions – comme la réduction du nombre d'élèves par classe ou l'équipement des policiers de caméras-piétons –, les avancées ont été minimes.

La politique de la ville, censée rénover les quartiers, a surtout abouti à des chantiers interminables. Depuis 2015, seuls deux immeubles ont été détruits, et la fin des travaux est prévue pour 2030. « La faiblesse de ce projet, c'est le temps », admet le maire Olivier Klein, ancien ministre de la Ville. Une lenteur qui contraste avec l'urgence sociale.

Précarité et abandon des services publics

Dans le quartier du Chêne pointu, les habitants vivent dans des logements insalubres, avec des problèmes de plomberie, d'humidité et d'infestation. Mamadou, retraité malien, raconte :

« Quand il pleut, l'eau rentre par là »,
en montrant les traces d'infiltration. Les associations, comme Compagnons Bâtisseurs, tentent de pallier l'inaction des bailleurs sociaux, mais la gestion de l'attente s'éternise.

La précarité est omniprésente : 42 % de taux de pauvreté, 19 % de chômage, et des Restos du Cœur qui voient le nombre de bénéficiaires quintupler en cinq ans. « Ces dernières années, on a de plus en plus de travailleurs, d'étudiants, de femmes seules, de retraités », souligne une bénévole. La ville manque cruellement d'entreprises et de transports efficaces, condamnant ses habitants à une double peine : exclusion économique et isolement géographique.

Police et tensions raciales : un dialogue rompu

Malgré l'ouverture d'un commissariat en 2010, les relations entre la police et la population restent tendues. Les contrôles au faciès et les violences policières alimentent un climat de défiance.

« Aucun contrôle n'est gratuit. On ne fait pas de contrôle au faciès »,
affirme le commissaire Ronan Delcroix, mais les témoignages des habitants contredisent cette version.

Les jeunes dénoncent une logique répressive qui aggrave les fractures sociales. « On a perdu le lien, le dialogue avec la population », reconnaît un policier. Les affaires récentes – comme la mort de Nahel en 2023 ou celle de Kyllian Samathi en 2024 – ont exacerbé la colère. La police est perçue comme une force d'occupation plutôt que de protection.

Culture et résistance citoyenne

Face à l'abandon des institutions, les initiatives locales tentent de redonner espoir. Les Ateliers Médicis, ouverts en 2018, offrent un espace de création artistique, tandis que des associations comme Mission Mars développent des épiceries solidaires.

« Ici, c'est vraiment la précarité plus, plus »,
résume un habitant.

Pourtant, ces efforts ne suffisent pas à compenser les carences de l'État. La ligne 16 du métro, censée relier Clichy à Paris en 45 minutes, accumule les retards, privant la ville de perspectives économiques. « L'histoire de Clichy serait différente si on avait eu un moyen de transport fiable depuis longtemps », déplore le maire.

Un quartier en attente de justice sociale

Vingt ans après les émeutes, Clichy-sous-Bois reste un symbole des échecs répétés des politiques publiques. Entre précarité, abandon des services et tensions policières, les habitants paient le prix d'un système qui les marginalise. Seules les mobilisations citoyennes et la solidarité locale permettent de survivre dans un contexte d'injustice structurelle.

Votre réaction

Connectez-vous pour réagir à cet article

Commentaires (0)

Connectez-vous pour commenter cet article

Aucun commentaire pour le moment. Soyez le premier à commenter !