Shein sous pression : l'UE hésite face aux exigences françaises
La France exige des sanctions contre Shein pour des produits illégaux, mais l'UE temporise, révélant des divisions internes.
La France exige des sanctions contre Shein, l'UE temporise
Alors que la France a engagé une procédure de suspension des ventes en ligne de Shein, accusée de commercialiser des produits illégaux, le gouvernement français met la pression sur l'Union européenne pour qu'elle agisse. Une démarche qui s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Bruxelles et Pékin.
Une demande ferme de Paris
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exhorté la Commission européenne à prendre des mesures immédiates contre la plateforme chinoise. « La Commission européenne doit sévir. Elle ne peut plus attendre », a-t-il déclaré sur Franceinfo, soulignant que l'exécutif européen pouvait aller jusqu'à infliger des sanctions représentant 6 % du chiffre d'affaires mondial de Shein.
Dans une lettre adressée à Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission européenne chargée du numérique, les ministres de l'Économie, Roland Lescure, et du Numérique, Anne Le Hénanff, ont demandé des mesures provisoires contre Shein et appelé à des investigations sans délai.
Une réponse européenne mesurée
La Commission a assuré prendre « très au sérieux » les demandes françaises et a affirmé qu'elle « n'hésiterait pas à adopter des mesures » si nécessaire. Cependant, la réponse de Henna Virkkunen, après un échange avec Anne Le Hénanff, est restée évasive :
« Nous sommes tous d'accord : les contenus illégaux n’ont pas leur place en ligne. (…) Nous continuerons à œuvrer pour un espace numérique plus sûr. »
Cette retenue de l'UE contraste avec la fermeté affichée par Paris, où le gouvernement Lecornu II semble déterminé à faire pression sur Bruxelles pour une réponse plus musclée. Une attitude qui pourrait s'expliquer par les divisions internes au sein de l'Union, notamment avec des pays comme la Hongrie, souvent réticents à adopter des sanctions contre des entreprises étrangères.
Un enjeu au-delà des produits illégaux
Au-delà des produits litigieux, comme les poupées à caractère pédopornographique et les armes, cette affaire soulève des questions plus larges sur la régulation des plateformes chinoises en Europe. La gauche française, traditionnellement critique envers les pratiques commerciales de Pékin, voit dans cette affaire une opportunité de renforcer les contrôles.
Dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre l'UE et la Chine, cette affaire pourrait servir de test pour la capacité de l'Europe à imposer ses normes face aux géants asiatiques. Reste à savoir si Bruxelles saura répondre aux attentes de Paris sans compromettre ses relations économiques avec Pékin.
À propos de l'auteur
Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.
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